lundi 27 avril 2009

Cœur

A un symptôme que l’on m’avait diagnostiqué on m’a demandé : Que ressentez-vous ? J’ai répondu : Un certain état de fébrilité. C’est-à-dire ? Eh ! bien, docteur, rappelez-vous de ce que disait Gide à propos de l’amour : “le meilleur moment, c’est quand on monte l’escalier…” C’est ainsi que je me sens en ce moment. Et Gide n’y est pas pour grand’ chose, mais une certaine de mes connaissances, oui !
Il m’a regardé avec commisération… et m’a placé entre les mains d’un autre homme de l’Art qui m’a aussitôt déclaré moribond. Comme je ne voulais pas suivre ses conseils (une hospitalisation en urgence), il m’a rejeté dans mes immondices, avec le dédain propre aux êtres supérieurs qui suivent le chemin tout tracé de la Science.
Et pourtant, combien de temps cela faisait-il que je n’avais pas ressenti cette petite boule au fond de ma gorge et l’animal qui s’accélère dans ma poitrine alors que, comme le disait Polyeucte : “le désir s’accroît, quand l’effet se recule” …
Ces fesses qui dans le soir
Dessinent comme un espoir… pour paraphraser Bécaut !
Noyant mes symptômes dans le whisky, j’ai consulté un autre homme de l’art, après l’avoir soigneusement choisi pour ses connaissances littéraires aussi bien que médicales. Le bon bougre me déclara apte à la vie. Foi de cardiogramme, intérêt et principal.
(Sauf, bien entendu, dans le cas où, les petits cochons me mangeraient. Et il est vrai qu’en ce moment, du côté du Mexique…)
Cette histoire n’aurait pas d’intérêt si elle n’avait évoqué en moi cette sensation qui soutient les élans de mon cœur, plus souvent que de coutume - surtout quand nous montions l’escalier - et qui fut réduite à l’état de symptôme par des savants sans savoir.
Aujourd’hui, mon cœur et moi, battons la semelle sur le pavé aux aguets de cet instant qui n’est pas encore de l’essoufflement, ni, tout de suite la petite mort ; cet instant contre lequel nulle médecine n’a de prise. A part toi, mon amour. N’en déplaise à la Sécurité sociale…

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