mardi 19 mai 2009

Grenelles


Quand dans n’importe quelle entreprise humaine on forme une commission, c’est pour évacuer un point qui, bien que pressant, ne peut trouver une réponse adéquate ; souvent en raison des intérêts contradictoires des parties en présence. Entre le gouvernement et le peuple, cela s’appelle un Grenelle.
Cette morne plaine où les Gaulois se firent battre – pour ne pas changer – par les Romains et qui s’étendait grosso modo des Invalides à Javel, a donné son nom à une série de réunions où, en mai 68, la CGT l’emporta contre le patronat, dans la salle des Accords, au ministère du Travail, rue de Grenelle. Victoire à la Pyrrhus, car le seul résultat qui aboutît aux demandes de transformations sociales réclamées par les Travailleurs (nouvelle hiérarchie, nouvelle gouvernance – qui s’appelait : autorité – nouvelles relations entre l’entreprise et l’Etat, l’école et l’université…) sera une hausse de 35% du SMIG, soit une élévation générale des salaires de 10% et une inflation si intense que tous les avantages consentis furent « bouffés », selon l’expression de Michel Jobert, en six mois et signèrent la perte immédiate de compétitivité de l’industrie française. Il faudra attendre les lois Auroux de 1981 pour voir aboutir une ébauche d’application de ce qui était demandé à l’époque.
Il est donc piquant d’entendre tout un chacun annoncer, réclamer, exiger… à grands renforts de presse, son “Grenelle”, en guise de consultation publique sur un sujet majeur.
Qu’on s’en rende compte, pour le début de notre troisième millénaire, nous eûmes :
* le Grenelle de la santé (2001)
* le Grenelle de l'environnement (octobre 2007)
* le Grenelle de l'insertion (2007)
* le Grenelle de la formation (proposé en 2007 par M. de Villepin)
Et en 2009, 41 ans après Mai 68, une floraison exceptionnelle :
* le Grenelle de l'audiovisuel, (vœu pieu de Madame Albanel…)
* le Grenelle de la mer (Michel Garnier)
* le Grenelle des ondes (François Fillon).
Alors que nous ne sommes même pas encore au milieu de l’année…
Quand on voit les résultats pratiques desdits Grenelle ci-dessus, on est en droit de se dire qu’ils annoncent le même type de catastrophes obtenu en Mai 68 par MM. Séguy (pour la CGT) et Jacques Chirac. Si bien qu’on serait tenté de dire que « Grenelle » est le dernier euphémisme pour : “Circulez ! y a rien à voir.”
Ou : “Casse-toi ! pov’ con…”

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